Car ſur le poinct qu’on montoit Chryſeis
Sur la galere, on a pris Briſeis
Dedans ma tente, & voulſiſt elle ou non,
On la conduire au Roy Agamemnon :
Qui m’a privé par ſa voye de faict,
Du beau preſent, que le camp m’avoit faict.
Or ſi tu peux (comme je ſuis certain
Que ton pouvoir eu tres grand & haultain)
Donne ſecours, à ton douloureux filz,
Duquel les ſens ſont en douleur confictz,
Monte a hault, & pour la recompenſe
Que Iuppiter te doit de la defenſe
Que tu luy fis, le tirant de danger,
Obtiens de luy conge de me venger.
Il me ſouvient t’avoir ſouvent ouye
Glorifier, qu’il tient honneur & vie
Par ton moyen & que ſans toy, Neptune
Accompagne de Iuno l’importune
Et de Pallas, avoit la entrepris
De le ſurprendre, & apres l’avoir pris
Les bras liés, le faire cheoir des cieulx.
Mais leur deſſeing dur & malicieux,
Fut prevenu : Car deſcendant en terre
Tu fis venir ſur l’Olympe grand erre
Briarëùs, le Geant à cent mains
Dict Egëon, le plus fier des humains,
Qui eſtonna ſi fort par ſa fierté
Le Dieu Marin, & l’autre Deité :
Que Iuppiter ſouverain demoura,
Et contre luy plus on ne murmura.
Va t’en ma mere, & remetz en memoire
À deux genoux devant luy ceſte hiſtoire :
Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/40
Cette page n’a pas encore été corrigée