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Qu’ilz arrivoient. Adonc dict,
Ô Paſteurs de peuple Grec, Ô prudentz Conducteurs
De ce beau Camp, diray ie point menſonge,
Ou verité comptant ce que ie ſonge ?
Certainement mon Cueur veult que ie croye
Ce mien advis avant que ie le voye,
Ung certain Bruict ; de Cheval galoppant
Preſentement m’eſt l’Oreille frappant.
Or pleuſt aux Dieux quenoz deux Champions
Euſſent eſté ſi ſubtilz Eſpions,
Qu’en eſchappant des perilleux dangers,
Peuſſent mener deux beaulx Courſiers legerſ :
Mais trop ie crains que ces grands perſonages,
Ayent enduré quelques mortelz dommages.
    À peine avoit ces troys motz achetez,
Que les deux Roys ſont illec arrivez,
Et deſcenduz, lors chaſcun les accolle
Chaſcun leur dict une bonne parole,
Et meſmement le viel Neſtor ſ’adreſſe
À Vlyſſés. Ô gloire de la Grece
Digne d’honeur, ie te prie me dire,
De ces Chevaulx que ie vous voy conduyre,
Tant excellentz en blancheur admirable,
    Et aux rayons du clair Souleil ſemblable,
Les avez vous ſur les Troiens gaignez ?
Ou quelque Dieu les vous a il donnez ?
Long temps ya qu’aux Combatz ie me treuve
Contre Troiens, ou ie fais claire preuve
De ma vertu, ſans que ie m’en retire
Pour ma vieilleſſe, on me cache au navire,
Mais ie n’ay veu oncques en la Bataille,
Ces deux Courſiers n’y aultre de leur Taille.