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Car en ce Camp y a pluſieurs Sentiers,
Qui leur ſeroient tenir divers Quartiers.
Oultre cela le te veulx conſeiller,
Qu’en t’approchant d’eulx pour les eſveiller,
Tres humblement & a Voix doulce & baſſe
Nommes leur Nom, leur Eſtat, & leur Race,
Sans leur tenir Propoz Audacieux,
Ains tout Courtois, Begnin & Gracieux.
Il nous convient toy & moy travailler
De faire ainſi, & nous appareiller
Doreſnavant, à mainct Faict indécent.
Puis que le Dieu Iuppiter ſ’y conſent.
    Agamemnon ayant ſi bien inſtruict :
Menelaus, part doulcement ſans Bruyct
Et va ſi bien qu’il arrive en peu d’heure
Dedans la Tente, ou faiſoit ſa demeure
Le Roy Neſtor. Adone ſ’eſt approché
Du bon Viellard, lequel trouva Couché
Dedans le Lict. Son Harnoys reluyſant,
Son bel Armet, deux Dardz, l’Eſcu peſant
Eſtoient au prés, & la riche Ceincture,
Dont il ſe ceinct : quand il prend ſon Armure,
    Menant aux Champs les Grecs d’ardant Courage,
Sans ſuccomber ſoubz le Faix du viel Eage.
    Neſtor ſentant de ſon Lict approcher
Agamemnon, & coyement Marcher;
Haulſa la Teſte, & l’ayant appuyée
Deſſus ſon Coulde, en Perſone ennuyée,
Luy dict ainſi. Qui es tu, qui de Nuict :
Vas ainſi ſeul par ce Camp, qui te duict :
Dedans ces Nefz ? Qui t’a en queſte mys,
Voyant ainſi les aultres endormys ?