Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/310

Cette page n’a pas encore été corrigée


    Des Citoiens, toute deſchevelée
Vers ſon Mary, à grand courſe eſt allée.
Ô cher Eſpoux (diſoit elle en pleurant)
Ie te ſupply ſaulve le demourant,
Qui eſt petit. La les Peres & Filz,
Ieunes, & Vieulx, ſont mortz & deſconfitz.
Et ſ’il y a Femmes encores vives,
On les emmeine Eſclaves & Captives.
Meleager oyant ceſte parole,
Tout enflammé, & plein de Chaulde cole,
Subitement prend ſes Armes & fort,
Et faict ſi bien qu’il chaſſe ou met à Mort
Les Ennemys, & la Ville ſaulva.
Mais touteſfois, trop bon on ne trouva
Le ſien Secours, comme eſtant tard venu :
Et qu’il avoit aidé & ſubvenu.
Aux Etoliens non pas à leur requeſte,
Mais au Deſſeing & vouloir de ſa Teſte.
Las Dieu te gard (Achillés) de penſer
À faire ainſi de nous, & nous laiſſer
Iuſqu’au Beſoing la l’eſprit qui te meine,
Ne le permecte. Helas quelle grand peine
Ce te ſeroit, en voyant le Feu mis
En nos Vaiſſeaux, & puis les Ennemys :
Nous découper. Certes ton grand Effort
Serviroit peu à noſtre Reconfort.
Il vault trop mieulx (mon Filz) que tu t’eſforces
Preſentement, à employer tes Forces,
Pour le ſalut de la dolente Armée :
Tant pour les Dons, que pour la Renommée
Qui t’en viendra. Car ſi tu veulx attendre
Encor plus tard, avant que les defendre :