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Il m’eſt advis que tu ſeras treſbien,
De t’adoulcir, & ne reffuſer rien.
À quoy te doibt induire la Proueſſe
De ces deux Roys, les plus nobles de Grece :
Qui ſont venuz vers toy Ambaſſadeurs.
Quand ne ſeroit que pour les Demandeurs,
Leur dignité requiert bien que l’on face
Pour eulx grand choſe, entretenant leur Grace.
À celle fin qu’apres on ne te nomme,
Ung Deſdaigneux & trop Arrogant homme.
Au temps paſſé les Heroes antiques,
Si d’adventure avoient Noiſes ou Piques
Contre quelzcuns, en fin avec le temps
Ilz ſ’appaiſoient, & demeuroient contens.
Et bien ſouvent par Priere ou par Don,
À l’Ennemy faiſoient Grace & Pardon.
Il me ſouvient d’une Hiſtoire notable
À ce propos, & qui eſt véritable,
Que ie te veulx (au moins ſ’il m’eſt permis)
Ores compter, & à vous mes Amys.
Les Curetois contre ceulx d’Etolie,
Qui deſendoient Calydon aſſaillie,
Feirent jadis la Guerre autant mortele
Qu’il en fut onc & de Furie telle;
Qu’on veit par Mort beaucoup d’Hommes failliz
Des Aſſaillans, & plus des aſſailliz.
Mais pour vous faire au vray la Source entendre
De ceſte Guerre, il fault le compte prendre
Ung peu plus haute. En Calydon regnoit
Oeneus ung bon Roy, qui donnoit
De ſes beaulx Fruictz chaſcun an les Primices
Aux Immortelz, leur faiſant Sacrifices.