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Le Courroux vint par une Damoiſelle
Qu’il cheriſſoit tres gratieuſe & belle,
L’entretenant trop mieulx que ſon Eſpouſe.
Surquoy ma Mere indignée & jalouſe,
Qui bien l’amour du Mary cognoiſſoit,
À joinctes mains, tous les jours me preſſoit
De me vouloir de la Dame approcher,
Tant que ie peuſſe avec elle coucher :
À celle fin que la faulte cognue,
Iamais ne fuſt du Pere entretenue.
Ce que ie feis. À ma Mere obey.
Dont Amyntor fut bien fort eſbahy.
Et du courroux qui pour lors l’agita,
Deſſus mon Chef grands Mauldiſſons jecta
En invoquant les Furies damnables,
Et prononçant pluſieurs motz excecrables.
Entre leſquelz, il pria que ie feuſſe
Du tout ſans Hoirs : & que jamais ie n’euſſe
Aulcuns Enfans, au moins qu’il deuſt porter
En ſon Giron, ou les faire allaicter.
Si croy pour vray que ſa Plaincte dreſſée,
Fut de Pluton ouye & exaulcée.
Parquoy ſaichant ſa Malédiction,
Soubdainement j’euz ferme intention
De le laiſſer : & de ne me tenir
En ſa Maiſon, quoy qu’il deuſt advenir.
Mes Compaignons, mes Amys, mes Voiſins,
Mes Alliez, & bien proches Couſins
Voyans cela, ne ceſſoient de taſcher
Par tous moyens, mon deſpart empeſcher.
Et pour ce faire, ilz adreſſoient leurs veux
Aux Dieux haultains, immolans Brebiz, Beufz,