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    De l’Oraiſon ſi Bruſque & du Refuz
Furent les Roys eſtonnez & conſuz
Par ung long temps : mais Phénix le prudent,
Qui diſcouroit le peril evident
De tout le Camp, jectant la Larme tendre
Recommenca. S’il ne te plaiſt entendre
(Ô Prince illuſtre) au ſalut de l’Armée :
Et que tu as ceſte Ire confermée
Et ton eſprit y voulant la Mer paſſer :
Helas comment me pourras tu laiſſer
Mon tres cher Filz ? moy qui te fus donné
Pour Conduſteur quant tu fus cy mené.
Le propre jour que Peleus permit
Ton partement, deſlors il me commiſt
Aupres de toy, pour ta jeuneſſe inſtruire,
De ce que peut à jeune Prince duire :
En te faiſant de parole & de faict,
Vaillant en Guerre & Orateur parfaict
L’Adoleſcence aſſez flexible & tendre,
Ne povoit pas trop bien ces poinctz entendre
Sans Precepteur : auſſi ces dons ſuffiſent
À ung bon Prince, & tres fort l’auctoriſent.
Doncques ayant eu de toy charge expreſſe,
Eſt il poſſible (Ô Filz) que ie te laiſſe ?
Certes nenny. Non quand les Dieux haultains
Qui ſont touſjours, en leur conſeil certains,
Me promectroient de faire Rajeunir
Ce Corps la Vieil, & du tout revenir
Tel qu’il eſtoit, lors que ie fus forcé
D’habandonner mon Pere courroucé,
Dict Amyntor & les biens qu’il tenoit
Dedans Hellade, ou pour lors il regnoit.