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Ung jour advint, qu’il me voulut attendre
Prés du Fouſteau : Mais ie luy feis toſt prendre
Le grand Chemin, & ſeur ne ſe trouva,
Iuſques à tant que dans Troie arriva.
Or maintenant puis que tout le Plaiſir
Que j’avois lors, me tourne à Deſplaiſir
Puis que ie n’ay vouloir de m’employer
Aulcunement, ne ma Force eſſſayer
Encontre Hector. Demain matin j’eſpere
Partir dicy : ſi j’ai le Vent proſpere
À mon Depart ie ſeray Sacrifice
À Iuppiter, pour le rendre propice.
Et quant & quant prenant la haulte Mer,
Tu pourras voir (Ô Vlyſſés) Ramer
Mes grands Vaiſſeaulx, Leſquelz (ſi par Neptune
Sont preſervez, & ne courent Fortune)
Dedans trois jours me conduiront à Phthie,
Mon bon Pays Chargez une partie
D’Arain vermeil, de Fer blanc, de fin Or,
Et d’aultres biens & précieux Threſor.
Sans oublier les Pucelles exquiſes,
Que j’ay, moy ſeul, à la Guerre conquiſes.
Car du Butin, pour ma part advenu,
Agamemnon la treſbien retenu.
À ceſte cauſe (Amy) tu pourras dire
Publiquement à tous les Grecs, que l’Ire
Que j’ay eſt juſte : & qu’il ſoient adviſez,
Pour ne ſe voir de leur Chef abuſez,
Ainſi que moy, Dont ie me veulx garder
Doreſnavant, & ne le regarder
Iamais en Face. Auſſi ie croy (Combien
Qu’il ſoit ſans Honte, & qu’il n’ait en ſoy rien