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Qu’avons tenue, arrivans en ces lieux,
Fut enſeignée & monſtrée des Dieux.
    Ceſt Oraiſon du Preux Filz de Tidée,
Fut grandement des Grecs recommandée :
Louans tout hault ſon Advis ſingulier.
Sur quoy Neſtor le prudent Chevalier
Se meit debout, & à luy ſ’adreſſant,
Reſpond ainſi. Certes tu es puiſſant
Et fort en Guerre, Et pour donner Conſeil :
En verité tu n’as point de pareil
Entre les Roys qui ſont de meſmes eage.
Et ne croy point qu’il y ait perſonaige
En tout le Camp, qui dommageable treuve
Ce tien Advis, voire qui ne l’appreuve.
Mais tu n’es pas venu juſques au bout
De ce qu’il fault, tu n’as pas dict le tout
Ie qui ſuis Vieulx, & tel que ie pourrois
Eſtre ton Pere, & de tous ces bons Roys,
Acheueray. Et quand on m’entendra,
Ie penſe bien que nul ne contendra,
Pour reprouver mon Conſeil proufitable.
Car par trop eſt Cruel & Deteſtable,
Tres malheureux, & de la vie indigne,
L’homme qui ayme une Guerre inteſtine.
Ce qu’il fault faire à preſent, veu la Nuict,
Eſt de Souper : & quant & quant ſans Bruict :
Aſſeoir le Guet : auquel fauldra commectre
De jeunes Gens, les diſpoſer & mectre
Entre le Mur & Foſſé, pour entendre
Si les Troiens taſcheroient nous ſurprendre.
Quant eſt de toy Agamemnon, tu doibs
(Comme il me ſemble) aſſembler tous ces Roys