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Ô Princes Grecs, Ô peuple miſerable,
Quelle grand Honte & Marque ineffacable
Eſt imprimée à ce jour ſur la Grece ?
Ou ſont les Veux ? Ou eſt voſtre Promeſſe ?
Ou eſt l’Orgueil, & glorieux Caquet,
Que vous aviez en Lemnos au Banquet,
Lors que diſiez, que des Troiens abſens,
Chaſcun de vous en combatroit Cinq cens ?
C’eſtoit le Vin, la Chair, & la Viande,
Qui vous mectoit ceſte Iaſtance grande
En voz eſpritz : ie le ſens maintenant.
Et qu’il ſoit vray, voicy Hector venant,
Lequel ayant Force le Baſtion,
Mectre à Sac, & en Combuſtion
    Toute l’Armée. Ô pere Iuppiter,
Lequel des Roys as tu faict : contriſter
Plus que ie ſuis ? lequel as tu chargé
(Privé de gloire, Ennuyé, Oultraigé)
Autant que moy ? Ce n’eſt pas l’Eſperance
Par moy conceue, & l’entiere Aſſeurance
Que ie prenois de mon vouloir parfaire :
Quand ie voioys mon Offrande te plaire.
Ie penſoys bien ung jour deſtruire Troie.
Et maintenant fe me voy eſtre Proye
Des Ennemys. Ô ſouverain des Dieux,
Octroye moy (Puis qu’il ne te plaiſt mieulx)
Que tout ce Peuple eſchappe hors des mains
Du fort Hector, & Troiens inhumains.
    Ainſi prioyt pour tous ſes Grecs Genſdarmes
Le Chef de Guerre, accompaignant de larmes
Son Oraiſon. Iuppiter accorda
Entierement ce qu’il luy demanda :