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Deliberantz defendre leur Cité.
Ilz eſtoient peu, mais la Neceſſité
Les animoit, & rendoit plus Vaillans,
Pour reſiſter aux Gregeois aſſaillans.
Et meſmement pour la Protection
De leur Patrie, & Generation.
    Si ſont ouvrir entierement les Portes
De leur Cité : & toutes les Cohortes
Sortent dehors, tant la Chevalerie,
Que Gens de pied, non ſans grand crierie.
    Eſtans venuz au lieu propre à combatte,
Soubdainement commencent à ſe batre :
Dreſſans Eſcu contre Eſcu, Dard à Dard,
Roy contre Roy, Souldard contre Souldard.
Faiſans en tout, comme vrays Belliqueurs,
Ores vaincuz, incontinent Vainqueurs.
L’ung ſe plaignoit, ſe voyant abbatu,
L’aultre ventoit ſa Proueſſe & Vertu :
Et voyoit on, du Meurtre nompareil,
Inceſſamment couler le Sang vermeil.
    Ce grand Chapliz dura la matinée
Sans qu’on cogneut la Victoire inclinée,
À l’ung des deux. Chaſcun feit le hardy
De tous coſtez juſques ſur le Midy.
    Lors Iuppiter, afin de diſcerner
Sur qui devoit la Victoire tourner,
Print en ſa main une Balance, & verſe
Aux deux Baſſins, tant leur Fortune adverſe,
Que le Bon heur. En ung coſté mectant
Celle des Grecs, pour les Troiens autant
De l’aultre part, Si poiſe juſtement :
Mais il cogneut toſt & apertement,