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Par le dehors feirent ung beau Foſſé
Large & Profond, lequel fut renforcé
Tout a l’entour, de Taluz & Paliz :
D’ou ne pourroient qu’a peine eſtre aſſailliz.
    Les Dieux aſſis au Palais nom pareil
De Iuppiter, voyans ceſt Appareil,
S’eſmerveilloient : Entre leſquelz Neptune
Ne peut celer la conceue Rancune,
Et dict ainſi. Iuppiter Dieu des Dieux,
On ne voit plus les hommes curieux
De faire Veux, ou dreſſer Sacrifices,
En commenceant quelzques grans Edifices.
Ilz n’ont plus ſoing d’entendre le vouloir
Des Immortelz : ilz l’ont à nonchaloir.
Ne voys tu pas ces Gregeois Perruquez,
Qui ne nous ont tant ſoit peu invoquez,
En baſtiſſant leurs Tours & grans Rempartz.
On parlera doncques en toutes partz
De leur ouvrage, & l’on verra deſtruictz
Les Murs par moy & Apollo conſlruiſtz,
Leur grand Renom donc par tour flourira,
Et noſtre peine & Sueur perira ?
Ainſi voulut le Dieu Marin parler,
Qui bien ſouvent faict la Terre trembler.
    Lors Iuppiter ſoubdain luy reſpondit,
Tout courrouce. Neptune qu’as tu dict ?
Quelque aultre Dieu aiant puiſſance moindre
Que toy, devroit ces Entrepriſes craindre :
Tu es trop fort : ta gloire ſ’eſtendra
Partout le monde, ou l’Aube ſ’eſpandra,
Quant aux Foſſez & belles Tours baſties,
Quant tu verras leurs grandes Nefz parties,
Pour au Pays de Grece retourner,
Fay tout ſoubdain abbatre & ruiner.