Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/237

Cette page n’a pas encore été corrigée


Victorieux, en Martial arroy,
Et vient trouver Agamemnon le Roy
Dedans ſa Tente, ou le bon Chef ſ’appreſte
De les traicter) & leur faire grand feſte.
    Incontinent il dreſſe ung Sacriſice
À Iuppiter, pour le rendre propice,
D’ung gras Taureau de cinq ans, non dompté :
Qui fut ſoubdain amené ou porté.
On l’immola : puis apres l’eſcorcherent,
Et par Loppins ſes Membres detrencherent
En les mectant promptement à la Broche.
Quand tout fut preſt, ung chaſcun d’eulx ſ’approçhe
Pour en menger, & ſe traictent ſi bien,
Qu’au departir il ne leur falloit rien.
    Agamemnon grandement honora
Son Champion, & lors le decora
De beaulx preſens : pour Teſmoignage & Signe
De ſa Proueſſe, & Force tres inſigne.
    Ayans mangé, & bien beu à plaiſir,
Et ſatiffaict du tout à leur deſir,
Le vieul Neſtor, duquel la Providence
Et bon Conſeil, eſtoit de conſecjuence :
(Comme ilz avoient par ſon dernier advis
Tres bien cognu, dont ilz ſ’eſtoient ſervis)
Leur dict ainſi. Ô Roy Agamemnon,
Et vous Gregeois, Princes de grand Renom,
Chaſcun de vous a peu cognoiſtre aſſez
Combien de Grecs ſont mortz & treſpaſſez
À ce jourdhuy, dont les Corps eſtenduz
Giſent aux Champs, les Eſpritz ſont renduz
Aux bas Enfers. Si ne fault pas faillir
À donner ordre à les enſeuelir.