Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/216

Cette page n’a pas encore été corrigée


Lequel voyant l’Armet & le Pannage
Horrible & fier ſoubdain tourne viſaige
Pleure, ſ’eſcrie, & ſa Nourrice appelle,
Baiſſant le Chef ſur ſa ronde Mammelle
Adonc le Pere & la Mere benigne
Rirent entre eulx, de la petite Mine
De leur Enfant. Sur quoy Hector laiſſa
Son grand Heaulme en terre & ſ’avanca
Prenant ſon Filz. Si l’accolle & le baiſe
Humainement, tout rauy de grand aiſe :
Et le tenant doulcement en ſes mains,
Prioyt ainſi : Ô grandz Dieux ſouverains,
Octroiez moy ung jour que ceſt Enfant
Entre les ſiens ſoit Preux & Triumphant
Comme je ſuis & luy faictes l’honeur
D’eſtre aprés moy des Troiens Gouverneur
Tant que l’on die (en le voyant proſpere)
Certes le Filz a ſurpaſſé le Pere.
Et ſ’il advient que ſa main rude & forte
Soit Vainquereſſe, & les Deſpouilles porte
Des Ennemyz, que ſa Mere le voye,
Pour luy remplir l’entendement de joye.
    Apres ces motz, il livre promptement
Son Enfancon, qui fut ſubitement
Prins de la Mere et le prenant ainſi,
Il la vit & : l’armoyer auſſy :
Dont eut pitié, pour la conſoler,
D’elle ſ’approche, & la vint Accoller,
En luy diſant : Ô ma Çompaigne aymable :
Laiſſe ce dueil, & facon lamentable :
Ne te ſoucye ainſi de mon Treſpas :
Mourir convient, tu ne l’ignores pas.