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Ce que vueil faire : Et me dit bien le cueur,
Que je ſeray au jourdhuy le vainqueur.
Car la victoire eſt de telle maniere,
Qu’elle ſe monſtre aux hommes journaliere.
Parquoy attens, juſque à ce que je ſoye
Armé du tout, Ou ſi veulx, prens la voye,
Ie te fuyuray : & ſans eſtre trop loing,
Tu me verras prés de toy, au beſoing.
    De ſa reſponce Hector le Magnanime
Ne feit ſemblant d’en faire aulcune eſtime.
Sur quoy Heteine au pres de luy ſ’avance
Tres humblement, en doulce contenance,
Et puis luy dict. Ô beau Frere honorable,
(S’il eſt permjs femme miſerable
Telle que moy, qui ne ſuis qu’une Chienne,
Que ce beau nom de ta Seur je retienne)
Or euſt voulu Iuppiter, la journée
Que l’on me veit en ce vil monde née,
Qu’ung Torbillon de vent impétueux,
M’euſt tranſportée en ung lieu montueux,
Ou dans la Mer pour ma vie finir,
Sans me laiſſer à ce malheur venir.
Mais puis que c’eſt par le conſentement
Des Dieux haultains, que je ſoye Inſtrument
De tant de maulx, Au moins devoys je avoir
Meilleur Mary, & qui ſceuſt mieulx pourveoir
À ſon affaire : Homme qui entendit
Quand on l’accuſe ou quand on le mauldit.
Mais ceſtuy cy n’a ſens ne Cognoiſſance
De ce qui peult luy apporter Nuyſance.
Et cognois bien qu’a male fin viendra
Doreſnavant, ce qu’il entreprendra.