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De mon deuoir. Puis ce ſeroit mal faict,
Qu’ung Chevalier polu, & tout infaict
De Sang humain, de Sueur & Poulſiere,
Sans ſe laver, feit aux Dieux ſa priere.
Mais toy ma Mere, aſſemble les Troienes
Dames d’eſtat, & aultres Cytoienes.
Puis la premiere (en leur monſtrant exemple)
Va ſupplier à Minerve, en ſon Temple.
Et pour la rendre envers toy favorable,
Preſente luy l’habit plus honorable
De tous les tiens, le mectant humblement
À ſes Genoux, & la devotement
Fay luy priere, & luy dreſſe tes Veux :
Luy promettant chaſcun an, douze Beufz
Gras, non domptez ; & qu’elle preigne en garde
Ce pouvre peuple, & que la Cité garde :
En eſloignant de tes Murailles ſacres,
Diomedés, qui faict tant de Maſſacres
De noz ſubjectz. Or quant à moy, j’yray
Trouver Paris mon Frere, & luy diray
Qu’il voiſe au Camp : Ne ſcay ſ’il le vouldra,
Ne quel propoz, ou Mine me tiendra.
Que pleuſt aux Dieux, que la Terre ſ’ouvriſt
Deſſoubz ſes piedz; l’engloutiſt, & couvriſt.
Certainement les Dieux l’ont mis au monde,
Pour la Ruine, ou triſteſſe profonde
Du Roy Priam, & de tous ſes Enfans,
Qui ſans luy ſeul ſeroient trop triumphans.
Ô que j’aurois maintenant de plaiſir,
Si j’entendois que mort le vint ſaiſir.
Ie dirois bien ma dolente Penſée,
Vuyde du mal qui la tient oppreſſée