Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/204

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Dedans lequel pour ſes Enfans loger,
Le Roy Priam avoit voulu renger
Chambres Cinquante, au mylieu diſpoſées :
Ou ilz couchoient avec leurs Eſpouſées.
Puis vis à vis en avoit faict baſtir
Iuſques à Douze, afin de les partir
Aux grands Seigncurs, qui ſes Filles prenoient
En mariage, & prés luy ſe tenoient.
    Sur le droict poinct qu’Hector le ans entra,
Sa vielle mere Hecuba rencontra :
Qui ſ’en alloit pour viſiter ſa Fille
Läodicés, de toutes plus gentille.
Si l’arreſta, & luy tenant la main,
Luy dict ainſi, avec viſaige humain.
Pourquoy as tu ta Gent ainſi laiſſée
Mon tres cher Filz, eſt ce choſe preſſée ?
Ie croy que ouy. Certes les Grecs deſfont
Tous les Troiens : & croy que deſja ſont
Bien pres des murs. Cela te faict haſter,
Venant prier le grand Dieu Iuppiter,
Pour leur ſalut. Mais mon cher Filz arreſte
Encor ung peu : afin que je t’appreſte
Du Vin ſouef, ains que Sacrifier :
Duquel boiras pour te fortifier,
Et recréer ce Corps deja faſché
Du long Travail ou tu es empeſché.
Car le Bon Vin a tres grande vertu,
De renforcer l’homme las, & batu.
    N ’apporte point du vin, & ne m’en donne
(Dict lors Hector) de peur que ma perſonne
Ne ſ’affoibliſſe : & que par trop en boire
Il ne m’aduienne à perdre la memoire