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Iuno trouva ceſte reponſe bonne,
Parquoy deſloge, & le Frain habandonne
À ſes Chevaulx qui courans à grand erre,
Tiennent la voye entre le Ciel & Terre :
Volans bien hault, loing de nous, autant comme
Peult regarder en pleine Mer ung homme :
Qui bien ſouvent d’une haulte Eſchauguette
Les Mariniers & leurs Navires guette.
C’eſt le Chemin, que les Chevaulx des Dieux
Tiennent en L’air, venans en ces bas lieux.
    En peu de temps à Troie ſe rendirent,
Et promptement à Terre deſcendirent,
Droict en la place, ou ſe meſle l’Eau claire
De Scamander, à Simois ſon Frere.
    Illec Iuno ſes Montures laiſſa
À Simois, qui tres bien les penſa,
En leur donnant la divine Ambroiſe,
Sur le Rivage appreſtée & choiſie.
Partans de la, rapprocherent les belles
Du Camp Gregeois, ſemblans deux Coulobelles
À leur marcher, mais ayans au Courage
Ardant deſir de faire ung bel Ouvrage.
À l’arriver, ung grand nombre ont trouvez
De combatans, hardiz & eſprouvez,
Qui n’eſpargnoient non plus leurs Ennemyz,
Que ſont Sangliers, ou grans Lions famyz.
    À donc Iuno ſoubz l’Habit d’ung Gregeois
Nommé Stentor, duquel la ſeule Voix
Eſtoient autant Reſonante & Haultaine,
Que de Cinquante ayans bien grande alarnie,
Cria tout hault : Ô deſhoneur, Ô honte,
Ô Peuple Grec, qui tiens ſi peu de compte