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Les Heures ont touſjours la charge entiere
De ces beaulx Huys, chaſcune en eſt Portiere,
Ayans auſſy la ſupeſintendence
De tous les Cieulx, aueques la Regence
Du hault Olympe, & d’amener les Nues
Ou ramener, quand elles ſont venues.
    Les Heures donc aux Deeſſes ouvrirent
Diligemment, & hors leurs Chevaulx miſrent;
Qui tranſverſans la Celeſte Campaigne,
Vindrent bien toſt ſur la haulte Montaigne
Du clair Olympe, ou eſtoit Iuppiter
Qui preſidoit ſi ſe vont arreſter
Devant ſon Throſne. Et Iuno ſans deſcendre,
Du Chariot, luy feit ſa plaincte entendre :
Frere & Mary (dict elle) Quelle joye
Prens tu de voir Mars ton Filz devant Troie,
Meurtrir ainſi les Grecs cruelement
Contre raiſon pour plaire ſeulement
Au ſol deſir de Venus l’envieuſe,
Et d’Apollo ? Ceſt oeuvre injurieuſe
Doibt elle ainſi eſtre diſſimulée,
Et la Iuſtice & la Foy violée ?
Or je te pry ne te vouloir faſcher :
Si je deſcens la bas pour empeſcher
Ce furieux, & ſi je me travaille
À le chaſſer dolent de la bataille.
    I’en ſuis content, reſpondit lors le Dieu :
Mais pour le mieulx il fauldroit qu’en ton lieu
Pallas vouluſt ceſte charge entreprendre :
Car Mars ne peult, comme elle ſe defendre,
Souventeſfois elle l’a ſurmonte,
Et le vaincra, ſ’elle en a volunté.