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Prenans conſort de veoir parmy la preſſe
Aveques eulx les plus fortz de la Grece.
    Agamemnon ce pendant ne ceſſoit
De commander, aux lieux qu’il cognoiſſoit
Eſtre beſoing, & mectoit ſon eſtude
À diſpoſer toute la multitude
Diſant ainſi : Ô Gregeois valeureux,
Si l’on a veu voz faictz chevaleureux
Par cy devant, Faictes que la louange,
Preſentement ne diminue ou change.
Prenez courage, & par ung meſme accord
Donnez dedans, aveques ce Record,
Que le Souldard qui ſon honeur revere,
    Et pour celuy combatant perſevere,
Eſchappera pluſtoſt d’ung grand danger,
Que ne ſera le couard, & leger.
L’on voit pluſtoſt mourir les Eſtourdiz,
Et les Craintifz, qu’on ne faict les hardiz.
Car ou l’eſprit n’eſt d’honeur agité,
Le corps languit, & meurt par laſcheté.
    Ainſi parlant, & leur monſtrant la voye
Subitement ſon javelot envoye
Aux ennemys : Si vint tout droict : frapper
Deicoon, qui ne peut eſchapper
Le coup mortel. Il eſtoit grand amy
Du fort Enée, & honoré parmy
Le camp Troien, comme les Filz du Roy :
Tant pour ſa force, & triumphant arroy,
Que pour autant qu’il eſtoit couſtumier
De ſe trouver au combat le premier.
Or mourut il, car le Dard luy faulſa
Son grand Eſcu, & le Bauldrier perſa,