Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/161

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Et n’a pas tort ſi maintenant demande
Ung prompt ſecours, car la bleſſure eſt grande.
    De ce propos, ſe meiſt lors à ſoubzrire
Le Dieu des Dieux, & puis vint à luy dire
Tout doulcement : Venus ma Fille aymée,
Point n’eſt à toy de regir une Armée,
Ou manier les belliques ouvrages.
Faire l’Amour, dreſſes des Mariages
Eſt mieulx ton cas : doncques de ce te meſle
Laiſſe la Guerre importante, & cruelle
À Mars ton Frere, & à ta Seur Minerve :
Et les Amours à toy ſeule reſerve.
Ainſi diſoit Iuppiter deviſant :
Et ſur le faict de chaſcun aduiſant.
    Ce temps pendant Diomedés vouloit
Tuer Enée, & bien peu luy chaloit
Qu’il fuſt gardé d’Apollo : car l’Envie
Qu’il avoit lors de luy oſter la vie,
Et d’emporter ſon riche acouſtrement,
Luy corrumpoit du tout le jugement.
Trois fois le Grec ſur luy ſe hazarda :
Et par trois fois Apollo le garda :
En repoulſant ſa Lance & ſon Eſcu.
Sur la quatrieſme il l’euſt mort ou vaincu :
Mais Apollo, monſtrant horrible face,
Luy commenca uſer de grand menace.
    Retire toy ſoubdain ſi tu es ſage,
Sans te monſtrer ſi ſelon, & volage :
En te cuydant aux Dieux equiparer :
    Et deſormais vueilles conſiderer,
Que le povoir des humains qui demeurent
Cy bas en terre, & qui tous les jours meurent,