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Avec les mains, preſt d’avoir mort amere,
Sans le ſecours que luy donna ſa Mere :
Qui prevoyant le perilleux danger
De ſon cher Filz, vint pour le deſcharger
De ce grand faix. Et pour plus ſeure garde,
(En l’embraſſant) l’envelope, & le garde
De ſon manteau comme d’ung Boulevert.
Car aultrement il euſt eſte couvert
De mille dardz. Cela faict, la Deeſſe
Feit ſon effort, le tirer de la Preſſe.
    Lors Sthenelus, qui n’avoit oublié
Ce dont l’Amy l’avoit tant ſupplié,
Retire à part ces Chevaulx, & vint prendre
Ceulx d’Eneas pour aux Tentes les rendre.
Si les bailla au bon Deiphilus
Son compaignon, & l’ung des bien vouluz
De tout le camp, pour le loz ſingulier
Qu’on luy donnoit d’eſtre bon Chevalier.
    Apres cela, ſur ſes Chevaulx remonte
Diligemment, & faict tant qu’il affronte
Diomedés, lequel ſuivoit grand erre
Dame Venus pour la mectre par terre :
Bien cognoiſſant qu’elle n’eſt pas de celles
Qui ont povoir, comme les deux pucelles
Dame Minerve, & la fiere Bellone :
Ains eſt laſcive, impuiſſante, & felone.
    Tant la ſuivit qu’en fin il la trouva
Parmy la troupe, & lorſ’il eſprouva
Si l’on pourrait les immortelz bleſſer :
Car il luy vint de ſon Dard tranſpercer
Le beau manteau des Charités tyſſu :
Et fut le coup incontinent receu