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Comme je voy, car tu n’as eu puiſſance
De m’apporter Encombrier ou nuyſance :
Mais de ma part tout aultrement ſera,
Car ceſte Lance à mort te bleſſera :
Et la n’aurez de moy aulcune Treſve,
Qu’au ſang de l’ung de vous deux ne l’abreuve.
Diſantces motz, rudement la jecta
Vers Pandarus. Lors Pallas la porta,
Et dirigea droiſtement en la face
Du Licien, qui tout oultre luy paiſſe :
Et luy coupa les Yeulx, le Nez, les Dens,
Avec la Langue, & demoura dedens
Une grand part du Fer & du Baſton,
Eſtant la poincte au dehors du Menton.
Si tumba mort : dont les Chevaulx tremblerent,
Oyans le ſon des armes qui branſlerent.
Armes luyſans, & bien elabourées,
Mais de clair ſang tainctes & coulourées.
    Quand Eneas veit la deſconfiture :
Comme ung Lion,ſe meit à l’adventure :
Bien ſort ſ’eſcrie, & ſoubdain ſe hazarde :
Tenant l’Eſcu en ſa main & ſa Darde :
Deliberant donner mortel rencontre,
Au premier Grec qui viendroit à l’encontre.
Mais le Gregeois adviſé print alors
Ung grand Caillou, lequel deux hommes forts
Du temps preſent ne pourraient ſoublever,
Et d’iceluy vint Eneas grever
Deſſus la Cuyſſe, & ſi fort le bleſſa,
Que tous les Nerfz & Muſcles luy froiſſa :
Dont fut contrainct demy mort treſbuſcher
Sur les genoulx, & la terre toucher