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De t’avancer, de peur que ceſte envie
De batailler, ne nous couſte la vie.
Diomedés trop mal content d’ouyr
Son compaignon luy parler de fouyr.
Reſpondit lors en Colere ſoubdaine.
Ne penſe pointpar ta parole vaine
Meſpoventer, ou mettre en mes eſpritz
Aulcune peur, je ne l’ay point apris.
Grand deſhoneur me ſeroit qu’on me viſt
Ainſi fouyr, ſans que nul me ſuiviſt.
Ie ſuis encor aſſez puiſſant & fort,
Pour reſiſter à trop plus grand effort
Et qu’il ſoit vray à preſent je ne veulx
Prendre Chevaulx, ne Chariot pour eults.
Trouver les voys : La Deeſſe Minerve
Ceſte Viſtoire à moy tout ſeul reſerve :
Et penſe bien, que l’ung deulx y mourra :
À tout le moins que leur Char demourra.
Parquoy, Amy, bien pres de moy te tien,
Et tous mes dictz en memoire retien.
S’il eſt ainſi que ces deux Troiens meurent,
Ou que bleſſez deſſus le Camp demeurent,
Adviſe lors de mener ſans attente,
Leur chariot, & Chevaulx en ma Tente.
Ces beaulx Chevaulx ſont yſſuz de la Race
Des grandz Courſiers, dont Iuppiter feit grace
Au prince Tros, quand il voulut ravir
Ganymedés, pour au ciel le ſervir.
Et n’en eſt point de courage pareil,
Soubz la belle Aulbe, & ſoubz le clair Souleil.
Iadis Anchiſe y ſceut tres bien ouvrer
Pour la ſemence & race en recouvrer :