Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/113

Cette page n’a pas encore été corrigée


Ont grand frayeur, penſans en leur courage,
Que ce leur ſoit quelque maulvais preſage.
De meſme ſorte, ardente & enflammée
Comme une Eſtoille, au mylieu de l’armée
S’en deſcendit, dont les camps ſ’eſbahyrent.
Et lors entre eulx furent quelqu’uns qui dirent
S’eſmerveillans. Ce prodige nous monſtre
Quelque bonheur, ou malheur à l’encontre.
Ou nous aurons toſt la Paix bien heurée,
Ou ceſte guerre aura longue durée.
    Eſtant Pallas deſcendue en la plaine,
Subitement print la ſemblance humaine,
D’ung des enfans d’Antenor le vieillard,
Laodocus belliqueux & gaillard.
Puis ſans arreſt, parmy Troiens ſe meſle :
Ayant deſir ſcavoir quelque nouvelle
De Pandarus le valeureux Archer.
Tant exploita, qu’apres le long chercher,
Elle le veid garny de belles armes,
Environé d’ung nombre de Genſdarmes
Tous ſes ſubjectz, & nourriz pres du Fleuve
Dict Aſopus : leſquelz pour faire eſpreuve
De leur vertu, reputoient à grand heur,
D’avoir ſuivy ſi vaillant conducteur.
Lors ſ’approcha la Deeſſe aux vers yeulx,
En luy diſant Prince victorieux,
De Lycaon prudente geniture,
Si tu voulois accepter l’avanture
Qui ſe preſente, on te pourroit clamer,
Le plus heureux qui ſoit deca la mer.
Il eſt beſoing maintenant que tu jectes
De grand roydeur, une de tes Sagettes,