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    Tu es trop fort : il fault qu’à ta puiſſance,
Dieux & humains preſtent obeiſſance.
Semblablement grand tort me ſeroit faict,
Si mon deſſeing demouroit ſans effect
Ie ſuis Deeſſe auſſi bien que toy Dieu :
Fille à Saturne, & née en premier lieu :
Puis c’eſt raiſon, comme ton Eſpouſée,
Que ſur tous ſoye honorée & priſée.
Vivons en paix, & ne debatons point.
Tenons les cueurs uniz, quant à ce poinct.
Et ce faiſant, la divine aſſemblée,
Souventeſfois de noz debatz troublée,
S’eſjouyra voyant ceſte union,
Et deſcendront à noſtre opinion.
Commande donc à Minerve d’aller
Diligemment au Camp renouveler
L’horrible noiſe : & que ſi bien avance,
Que les Troiens rompent la convenance.
    Adonc le Dieu, accordant ſa requeſte,
Dict à Pallas. Ma fille point n’arreſte,
Va promptement devant Troie, & ſuſcite
Couvertement le Troien exercite,
À violer l’accord deſja promis,
En aſſaillant les Grecs leurs ennemys.
    Apres ces motz, encore ung coup l’enhorte
À ſ’en aller ſoubdainement : De ſorte
Que la Deeſſe en deſcendant grand erre,
Eſpouventa ceulx qui eſtoient en terre.
Car tout ainſi, que Iuppiter envoye
Le Fouldre ardent, qui reluyt & flamboye,
Dont bien ſouvent les peuples combatans,
Ou ceulx qui ſont en la mer frequentans,