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Et la, par toy comme fole enragée,
À belles dentz ſeroit la chair mengée
Du Roy Priam : Cela pourroit ſuffire
Tant ſeulement à refrener ton ire.
Puis qu’ainſi va, Entreprens, Fais, Abuſe
De ton vouloir, & ſur moy ne t’excuſe.
La ne ſeras en cecy eſcondite,
Ne contre toy une parole dicte.
Mais entens bien, & mets en tes eſpritz
Ma volunté. Quand j’auray entrepris
À l’advenir pour mon ire appaiſer,
De tes Citez la plus belle raſer,
Ne penſe pas alors contrevenir
À mon décret, mal t’en pourroit venir.
Veu meſmement qu’a ton intention,
Ie me conſens à la deſtruction
De la Cité la plus riche & inſigne
Deſſoubz le Ciel, & du Roy le plus digne,
Que j’ayme mieulx, & plus doibs honorer,
Pour le devoir qu’il faict de reverer
Ma Deité, par les belles Hoſties,
À mes autelz nuyct : & jour deſparties.
    Adonc Iuno ſatiſfaiſte & contente,
Voyant venir le fruict de ſon attente
Luy reſpondit. Iuppiter j’ay trois Villes
Pleines de gens, uſans de loix civiles,
Que j’ayme bien : C’eſt Argos l’opulente,
La forte Sparte, & Mycene excellente.
Quand te plaira en faire raſer l’une,
Ou toutes troys, la reſiſtence aulcune
Ne trouveras ; Auſſi quand je vouldroye
Contrarier, certes je ne pourroye.