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Ayant ainsi parlé, il excita la force et le courage de chacun. Et Sarpèdôn dit ces dures paroles au divin Hektôr :

— Hektôr, qu’est devenu ton ancien courage ? Tu te vantais naguère de sauver ta ville, sans l’aide des autres guerriers, seul, avec tes frères et tes parents, et je n’en ai guère encore aperçu aucun, car ils tremblent tous comme des chiens devant le lion. C’est nous, vos alliés, qui combattons. Me voici, moi, qui suis venu de très-loin pour vous secourir. Elle est éloignée, en effet, la Lykiè où coule le Xanthos plein de tourbillons. J’y ai laissé ma femme bien-aimée et mon petit enfant, et mes nombreux domaines que le pauvre convoite. Et, cependant, j’excite les Lykiens au combat, et je suis prêt moi-même à lutter contre les hommes, bien que je n’aie rien à redouter ou à perdre des maux que vous apportent les Akhaiens, ou des biens qu’ils veulent vous enlever. Et tu restes immobile, et tu ne commandes même pas à tes guerriers de résister et de défendre leurs femmes ! Ne crains-tu pas qu’enveloppés tous comme dans un filet de lin, vous deveniez la proie des guerriers ennemis ? Sans doute, les Akhaiens renverseront bientôt votre ville aux nombreux habitants. C’est à toi qu’il appartient de songer à ces choses, nuit et jour, et de supplier les princes alliés, afin qu’ils tiennent fermement et qu’ils cessent leurs durs reproches.

Sarpèdôn parla ainsi, et il mordit l’âme de Hektôr, et celui-ci sauta aussitôt de son char avec ses armes, et, brandissant deux lances aiguës, courut de toutes parts à travers l’armée, l’excitant à combattre un rude combat. Et les Troiens revinrent à la charge et tinrent tête aux Akhaiens. Et les Argiens les attendirent de pied ferme.

Ainsi que, dans les aires sacrées, à l’aide des vanneurs et du vent, la blonde Dèmètèr sépare le bon grain de la paille, et que celle-ci, amoncelée, est couverte d’une poudre blanche, de même les Akhaiens étaient enveloppés d’une