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de ses flèches les dieux qui habitent l’Olympos. C’est la divine Athènè aux yeux clairs qui a excité un insensé contre toi. Et le fils de Tydeus ne sait pas, dans son âme, qu’il ne vit pas longtemps celui qui lutte contre les Immortels. Ses enfants, assis sur ses genoux, ne le nomment point leur père au retour de la guerre et de la rude bataille. Maintenant, que le Tydéide craigne, malgré sa force, qu’un plus redoutable que toi ne le combatte. Qu’il craigne que la sage fille d’Adrèstès, Aigialéia, la noble femme du dompteur de chevaux Diomèdès, gémisse bientôt en s’éveillant et en troublant ses serviteurs, parce qu’elle pleurera son premier mari, le plus brave des Akhaiens !

Elle parla ainsi, et, de ses deux mains, étancha la plaie, et celle-ci fut guérie, et les amères douleurs furent calmées.

Mais Hèrè et Athènè, qui les regardaient, tentèrent d’irriter le Kronide Zeus par des paroles mordantes. Et la divine Athènè aux yeux clairs parla ainsi la première :

— Père Zeus, peut-être seras-tu irrité de ce que je vais dire ; mais voici qu’Aphroditè, en cherchant à mener quelque femme Akhaienne au milieu des Troiens qu’elle aime tendrement, en s’efforçant de séduire par ses caresses une des Akhaiennes au beau péplos, a déchiré sa main délicate à une agrafe d’or.

Elle parla ainsi, et le père des hommes et des dieux sourit, et, appelant Aphroditè d’or, il lui dit :

— Ma fille, les travaux de la guerre ne te sont point confiés, mais à l’impétueux Arès et à Athènè. Ne songe qu’aux douces joies des Hyménées.

Et ils parlaient ainsi entre eux. Et Diomèdès hardi au combat se ruait toujours sur Ainéias, bien qu’il sût qu’Apollôn le couvrait des deux mains. Mais il ne respectait même plus un grand dieu, désirant tuer Ainéias et le dépouiller de ses armes illustres. Et trois fois il se rua, désirant le tuer, et trois fois Apollôn repoussa son bouclier