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de terreur, resteraient-ils inertes et ne voudraient-ils plus nous emporter hors du combat, n’entendant plus ta voix.

Ayant ainsi parlé, ils montèrent sur le char brillant et poussèrent les chevaux rapides contre le Tydéide. Et l’illustre fils de Kapaneus, Sthénélos, les vit ; et aussitôt il dit au Tydéide ces paroles ailées :

— Tydéide Diomèdès, le plus cher à mon âme, je vois deux braves guerriers qui se préparent à te combattre. Tous deux sont pleins de force. L’un est l’habile archer Pandaros, qui se glorifie d’être le fils de Lykaôn. L’autre est Ainéias, qui se glorifie d’être le fils du magnanime Ankhisès, et qui a pour mère Aphroditè elle-même. Reculons donc, et ne te jette point en avant, si tu ne veux perdre ta chère âme.

Et le brave Diomèdès, le regardant d’un œil sombre, lui répondit :

— Ne parle point de fuir, car je ne pense point que tu me persuades. Ce n’est point la coutume de ma race de fuir et de trembler. Je possède encore toutes mes forces. J’irai au-devant de ces guerriers. Pallas Athènè ne me permet point de craindre. Leurs chevaux rapides ne nous les arracheront point tous deux, si, du moins, un seul en réchappe. Mais je te le dis, et souviens-toi de mes paroles : si la sage Athènè me donnait la gloire de les tuer tous deux, arrête nos chevaux rapides, attache les rênes au char, cours aux chevaux d’Ainéias et pousse-les parmi les Akhaiens aux belles knèmides. Ils sont de la race de ceux que le prévoyant Zeus donna à Trôs en échange de son fils Ganymèdès, et ce sont les meilleurs chevaux qui soient sous Éôs et Hélios. Le roi des hommes, Ankhisès, à l’insu de Laomédôn, fit saillir des cavales par ces étalons, et il en eut six rejetons. Il en retient quatre qu’il nourrit à la crèche, et il a donné ces deux-ci, rapides à la fuite, à