— Plaise aux Dieux qu’Agamemnôn assouvisse toujours ainsi sa colère ! Il a conduit ici l’armée inutile des Akhaiens, et voici qu’il est retourné dans son pays bien-aimé, abandonnant le brave Ménélaos ! Ils parleront ainsi un jour ; mais, alors, que la profonde terre m’engloutisse !
Et le blond Ménélaos, le rassurant, parla ainsi :
— Reprends courage, et n’effraye point le peuple des Akhaiens. Le trait aigu ne m’a point blessé à mort, et le baudrier m’a préservé, ainsi que la cuirasse, le tablier et la mitre que de bons armuriers ont forgée.
Et Agamemnôn qui commande au loin, lui répondant, parla ainsi :
— Plaise aux Dieux que cela soit, ô cher Ménélaos ! Mais un médecin soignera ta blessure et mettra le remède qui apaise les noires douleurs.
Il parla ainsi, et appela le héraut divin Talthybios :
— Talthybios, appelle le plus promptement possible l’irréprochable médecin Makhaôn Asklépiade, afin qu’il voie le brave Ménélaos, prince des Akhaiens, qu’un habile archer Troien ou Lykien a frappé d’une flèche. Il triomphe, et nous sommes dans le deuil.
Il parla ainsi, et le héraut lui obéit. Et il chercha, parmi le peuple des Akhaiens aux tuniques d’airain, le héros Makhaôn, qu’il trouva debout au milieu de la foule belliqueuse des porte-boucliers qui l’avaient suivi de Trikkè, nourrice de chevaux. Et, s’approchant, il dit ces paroles ailées :
Lève-toi, Asklépiade ! Agamemnôn, qui commande au loin, t’appelle, afin que tu voies le brave Ménélaos, fils d’Atreus, qu’un habile archer Troien ou Lykien a frappé d’une flèche. Il triomphe, et nous sommes dans le deuil.
Il parla ainsi, et le cœur de Makhaôn fut ému dans sa poitrine. Et ils marchèrent à travers l’armée immense des