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rable que toi ! Certes, j’espérais me venger de l’outrage d’Alexandros ; et l’épée s’est rompue dans ma main, et la pique a été vainement lancée, et je ne l’ai point frappé !

Il parla ainsi, et, d’un bond, il le saisit par les crins du casque, et il le traîna vers les Akhaiens aux belles knèmides. Et le cuir habilement orné, qui liait le casque sous le menton, étouffait le cou délicat d’Alexandros ; et l’Atréide l’eût traîné et eût remporté une grande gloire, si la fille de Zeus, Aphroditè, ayant vu cela, n’eût rompu le cuir de bœuf ; et le casque vide suivit la main musculeuse de Ménélaos. Et celui-ci le fit tournoyer et le jeta au milieu des Akhaiens aux belles knèmides, et ses chers compagnons l’emportèrent. Puis, il se rua de nouveau désirant tuer le Priamide de sa pique d’airain ; mais Aphroditè, étant Déesse, enleva très-facilement Alexandros en l’enveloppant d’une nuée épaisse, et elle le déposa dans sa chambre nuptiale, sur son lit parfumé. Et elle sortit pour appeler Hélénè, queue trouva sur la haute tour, au milieu de la foule des Troiennes. Et la divine Aphroditè, s’étant faite semblable à une vieille femme habile à tisser la laine, et qui la tissait pour Hélénè dans la populeuse Lakédaimôn, et qui aimait Hélénè, saisit celle-ci par sa robe nektaréenne et lui dit :

― Viens ! Alexandros t’invite à revenir. Il est couché, plein de beauté et richement vêtu, sur son lit habilement travaillé. Tu ne dirais point qu’il vient de lutter contre un homme, mais tu croirais qu’il va aux danses, ou qu’il repose au retour des danses.

Elle parla ainsi, et elle troubla le cœur de Hélénè mais dès que celle-ci eut vu le beau cou de la Déesse, et son sein d’où naissent les désirs, et ses yeux éclatants, elle fut saisie de terreur, et, la nommant de son nom, elle lui dit :

― Ô mauvaise ! Pourquoi veux-tu me tromper encore ? Me conduiras-tu dans quelque autre ville populeuse de la