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retiens la femme. Ni ta kithare, ni les dons d’Aphroditè, ta chevelure et ta beauté, ne t’auraient sauvé d’être traîné dans la poussière. Mais les Troiens ont trop de respect, car autrement, tu serais déjà revêtu d’une tunique de pierre, pour prix des maux que tu as causés.

Et le divin Alexandros lui répondit :

― Hektôr, tu m’as réprimandé justement. Ton cœur est toujours indompté, comme la hache qui fend le bois et accroît la force de l’ouvrier constructeur de nefs. Telle est l’âme indomptée qui est dans ta poitrine. Ne me reproche point les dons aimables d’Aphroditè d’or. Il ne faut point rejeter les dons glorieux des Dieux, car eux seuls en disposent, et nul ne les pourrait prendre à son gré. Mais si tu veux maintenant que je combatte et que je lutte, arrête les Troiens et les Akhaiens, afin que nous combattions moi et Ménélaos, cher à Arès, au milieu de tous, pour Hélénè et pour toutes ses richesses. Et le vainqueur emportera cette femme et toutes ses richesses, et, après avoir échangé des serments inviolables, vous, Troiens, habiterez la féconde Troiè, et les Akhaiens retourneront dans Argos, nourrice de chevaux, et dans l’Akhaiè aux belles femmes.

Il parla ainsi, et Hektôr en eut une grande joie, et il s’avança, arrêtant les phalanges des Troiens, à l’aide de sa pique qu’il tenait par le milieu. Et ils s’arrêtèrent. Et les Akhaiens chevelus tiraient sur lui et le frappaient de flèches et de pierres. Mais le Roi des hommes, Agamemnôn, cria à voix haute :

― Arrêtez, Argiens ! ne frappez point, fils des Akhaiens ! Hektôr au casque mouvant semble vouloir dire quelques mots.

Il parla ainsi, et ils cessèrent et firent silence, et Hektôr parla au milieu d’eux :

― Écoutez, Troiens et Akhaiens, ce que dit Alexandros qui causa cette guerre. Il désire que les Troiens et les