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cendie ; et la terre mugissait comme lorsque Zeus tonnant la fouette à coups de foudre autour des rochers Arimiens où l’on dit que Typhôeus est couché. Ainsi la terre rendait un grand mugissement sous les pieds des Akhaiens qui franchissaient rapidement la plaine.

Et la légère Iris, qui va comme le vent, envoyée de Zeus tempêtueux, vint annoncer aux Troiens la nouvelle effrayante. Et ils étaient réunis, jeunes et vieux, à l’agora, devant les vestibules de Priamos. Et la légère Iris s’approcha, semblable par le visage et la voix à Politès Priamide, qui, se fiant à la rapidité de sa course, s’était assis sur la haute tombe du vieux Aisyètas, pour observer le moment où les Akhaiens se précipiteraient hors des nefs.

Et la légère Iris, étant semblable à lui, parla ainsi :

— Ô vieillard ! tu te plais aux paroles sans fin, comme autrefois, du temps de la paix ; mais voici qu’une bataille inévitable se prépare. Certes, j’ai vu un grand nombre de combats, mais je n’ai point encore vu une armée aussi formidable et aussi innombrable. Elle est pareille aux feuilles et aux grains de sable ; et voici qu’elle vient, à travers la plaine, combattre autour de la ville. Hektôr, c’est à toi d’agir. Il y a de nombreux alliés dans la grande ville de Priamos, de races et de langues diverses. Que chaque chef arme les siens et les mène au combat.

Elle parla ainsi, et Hektôr reconnut sa voix, et il rompit l’agora, et tous coururent aux armes. Et les portes s’ouvrirent, et la foule des hommes, fantassins et cavaliers, en sortit à grand bruit. Et il y avait, en avant de la ville, une haute colline qui s’inclinait de tous côtés dans la plaine ; et les hommes la nommaient Batéia, et les Immortels, le tombeau de l’agile Myrinnè. Là, se rangèrent les Troiens et les alliés.

Et le grand Hektôr Priamide au beau casque commandait