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d’elle les déesses de la mer étaient assises en foule. Et là, Thétis pleurait la destinée de son fils irréprochable qui devait mourir devant la riche Troiè, loin de sa patrie. Et, s’approchant, la rapide Iris lui dit :

— Lève-toi, Thétis. Zeus aux desseins éternels t’appelle.

Et la déesse Thétis aux pieds d’argent lui répondit :

— Pourquoi le grand dieu m’appelle-t-il ? Je crains de me mêler aux immortels, car je subis d’innombrables douleurs. J’irai cependant, et, quoi qu’il ait dit, il n’aura point parlé en vain.

Ayant ainsi parlé, la noble déesse prit un voile bleu, le plus sombre de tous, et se hâta de partir. Et la rapide Iris aux pieds aériens allait devant. Et l’eau de la mer s’entrouvrit devant elles ; et, montant sur le rivage, elles s’élancèrent dans l’Ouranos. Et elles trouvèrent là le Kronide au large regard, et, autour de lui, les éternels dieux heureux, assis et rassemblés. Et Thétis s’assit auprès du père Zeus, Athènè lui ayant cédé sa place. Hèrè lui mit en main une belle coupe d’or, en la consolant ; et Thétis, ayant bu, la lui rendit. Et le père des dieux et des hommes parla le premier :

— Déesse Thétis, tu es venue dans l’Olympos malgré ta tristesse, car je sais que tu as dans le cœur une douleur insupportable. Cependant, je te dirai pourquoi je t’ai appelée. Depuis neuf jours une dissension s’est élevée entre les immortels à cause du cadavre de Hektôr, et d’Akhilleus destructeur de citadelles. Les dieux excitaient le vigilant tueur d’Argos à enlever le corps du Priamide ; mais je protège la gloire d’Akhilleus, car j’ai gardé mon respect et mon amitié pour toi. Va donc promptement à l’armée des Argiens, et donne des ordres à ton fils. Dis-lui que les dieux sont irrités, et que moi-même, plus que tous, je suis irrité contre lui, parce que, dans sa fureur, il retient Hektôr au-