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nait l’oiseau ; et la flèche amère trancha le lien, et la colombe s’envola dans l’Ouranos, tandis que le lien retombait. Et les Akhaiens poussèrent des acclamations. Mais, aussitôt, Mèrionès, saisissant l’arc de la main de Teukros, car il tenait la flèche prête, voua à l’archer Apollôn une illustre hécatombe d’agneaux premiers-nés, et, tandis que la colombe montait en tournoyant vers les hautes nuées, il l’atteignit sous l’aile. Le trait la traversa et revint s’enfoncer en terre aux pieds de Mèrionès ; et l’oiseau tomba le long du mât noir de la nef éperonnée, le cou pendant, et les plumes éparses, et son âme s’envola de son corps. Et tous furent saisis d’admiration. Et Mèrionés prit les dix haches à deux tranchants, et Teukros emporta les petites haches dans sa tente.

Puis, le Pèléide déposa une longue lance et un vase neuf et orné, du prix d’un bœuf ; et ceux qui devaient lancer la pique se levèrent. Et l’Atréide Agamemnôn qui commande au loin se leva ; et Mèrionès, brave compagnon d’Idoméneus, se leva aussi. Mais le divin et rapide Akhilleus leur dit :

— Atréide, nous savons combien tu l’emportes sur tous par ta force et ton habileté à la lance. Emporte donc ce prix dans tes nefs creuses. Mais, si tu le veux, et tel est mon désir, donne cette lance au héros Mèrionès.

Il parla ainsi, et le roi des hommes Agamemnôn y consentit. Et Akhilleus donna la lance d’airain à Mèrionés, et le roi Atréide remit le vase magnifique au héraut Talthybios.