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ne renversassent ses hautes murailles avant le jour fatal. Et les autres dieux éternels retournèrent dans l’Olympos, les uns irrités et les autres triomphants ; et ils s’assirent auprès du père qui amasse les nuées. Mais Akhilleus bouleversait les Troiens et leurs chevaux aux sabots massifs. De même que la fumée monte d’une ville qui brûle, jusque dans le large Ouranos ; car la colère des dieux est sur elle et accable de maux tous ses habitants ; de même Akhilleus accablait les Troiens.

Et le vieux Priamos, debout sur une haute tour, reconnut le féroce Akhilleus bouleversant et chassant devant lui les phalanges Troiennes qui ne lui résistaient plus. Et il descendit de la tour en se lamentant, et il dit aux gardes illustres des portes :

— Tenez les portes ouvertes, tant que les peuples mis en fuite accourront vers la ville. Certes, voici qu’Akhilleus les a bouleversés et qu’il approche ; mais dès que les phalanges respireront derrière les murailles, refermez les battants massifs, car je crains que cet homme désastreux se rue dans nos murs.

Il parla ainsi, et ils ouvrirent les portes en retirant les barrières, et ils offrirent le salut aux phalanges. Et Apollôn s’élança au-devant des Troiens pour les secourir. Et ceux-ci, vers les hautes murailles et la ville, dévorés de soif et couverts de poussière, fuyaient. Et, furieux, Akhilleus les poursuivait de sa lance, le cœur toujours plein de rage et du désir de la gloire.

Alors, sans doute, les fils des Akhaiens eussent pris Troiè aux portes élevées, si Phoibos Apollôn n’eût excité le divin Agènôr, brave et irréprochable fils d’Antènôr. Et il lui versa l’audace dans le cœur, et pour le sauver des lourdes mains de la mort, il se tint auprès, appuyé contre un hêtre et enveloppé d’un épais brouillard.

Mais dès qu’Agènôr eut reconnu le destructeur de cita-