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Ayant ainsi parlé, elle détourna ses yeux splendides. Et voici qu’Aphroditè, la fille de Zeus, conduisait par la main, hors de la mêlée, Arès respirant à peine et recueillant ses esprits. Et la déesse Hèrè aux bras blancs, l’ayant vue, dit à Athènè ces paroles ailées :

— Athènè, fille de Zeus tempêtueux, vois-tu cette mouche à chien qui emmène, hors de la mêlée, Arès, le fléau des vivants ? Poursuis-la.

Elle parla ainsi, et Athènè, pleine de joie, se jeta sur Aphroditè, et, la frappant de sa forte main sur la poitrine, elle fit fléchir ses genoux et son cœur.

Arès et Aphroditè restèrent ainsi, étendus tous deux sur la terre féconde ; et Athènè les insulta par ces paroles ailées :

— Que ne sont-ils ainsi, tous les alliés des Troiens qui combattent les Akhaiens cuirassés ! Que n’ont-ils tous l’audace d’Aphroditè qui, bravant ma force, a secouru Arès ! Bientôt nous cesserions de combattre, après avoir saccagé la haute citadelle d’Ilios.

Elle parla ainsi, et la déesse Hèrè aux bras blancs rit. Et le puissant qui ébranle la terre dit à Apollôn :

— Phoibos, pourquoi restons-nous éloignés l’un de l’autre ? Il ne convient point, quand les autres dieux sont aux mains, que nous retournions, sans combat, dans l’Ouranos, dans la demeure d’airain de Zeus. Commence, car tu es le plus jeune, et il serait honteux à moi de t’attaquer, puisque je suis l’aîné et que je sais plus de choses. Insensé ! as-tu donc un cœur tellement oublieux, et ne te souvient-il plus des maux que nous avons subis à Ilios, quand, seuls d’entre les dieux, exilés par Zeus, il fallut servir l’insolent Laomédôn pendant une année ? Une récompense nous fut promise, et il nous commandait. Et j’entourai d’une haute et belle muraille la ville des Troiens, afin qu’elle fût inexpugnable ; et toi, Phoibos, tu menais paître,