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l’eau, dévorera la chair blanche de Lykaôn dans la noire horreur de l’abîme. Périssez tous, jusqu’à ce que nous renversions la sainte Ilios ! Fuyez, et moi je vous tuerai en vous poursuivant. Il ne vous sauvera point, le fleuve au beau cours, aux tourbillons d’argent, à qui vous sacrifiez tant de taureaux et tant de chevaux vivants que vous jetez dans ses tourbillons ; mais vous périrez tous d’une mort violente, jusqu’à ce que vous ayez expié le meurtre de Patroklos et le carnage des Akhaiens que vous avez tués, moi absent, auprès des nefs rapides.

Il parla ainsi, et le fleuve irrité délibérait dans son esprit comment il réprimerait la fureur du divin Akhilleus et repousserait cette calamité loin des Troiens.

Et le fils de Pèleus, avec sa longue lance, sauta sur Astéropaios, fils de Pèlégôn, afin de le tuer. Et le large Axios engendra Pèlégôn, et il avait été conçu par l’aînée des filles d’Akessamènos, Périboia, qui s’était unie à ce fleuve aux profonds tourbillons. Et Akhilleus courait sur Astéropaios qui, hors du fleuve, l’attendait, deux lances aux mains ; car le Xanthos, irrité à cause des jeunes hommes qu’Akhilleus avait égorgés dans ses eaux, avait inspiré la force et le courage au Pèlégonide. Et quand ils se furent rencontrés, le divin Pèléide aux pieds rapides lui parla ainsi :

— Qui es-tu parmi les hommes, toi qui oses m’attendre ? Ce sont les fils des malheureux qui s’opposent à mon courage.

Et l’illustre fils de Pèlégôn lui répondit :

— Magnanime Pèléide, pourquoi demander quelle est ma race ? Je viens de la Paioniè fertile et lointaine, et je commande les Paiones aux longues lances. Il y a onze jours que je suis arrivé dans Ilios. Je descends du large fleuve Axios qui répand ses eaux limpides sur la terre, et qui engendra l’illustre Pèlégôn ; et on dit que Pèlégôn est mon père. Maintenant, divin Akhilleus, combattons !