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engendré le divin Hektôr. Je me glorifie de ce sang et de cette race. Zeus, comme il le veut, augmente ou diminue la vertu des hommes, étant le plus puissant. Mais, debout dans la mêlée, ne parlons point plus longtemps comme de petits enfants. Nous pourrions aisément amasser plus d’injures que n’en porterait une nef à cent avirons. La langue des hommes est rapide et abonde en discours qui se multiplient de part et d’autre, et tout ce que tu diras, tu pourras l’entendre. Faut-il que nous luttions d’injures et d’outrages, comme des femmes furieuses qui combattent sur une place publique à coups de mensonges et de vérités, car la colère les mène ? Les paroles ne me feront pas reculer avant que tu n’aies combattu. Agis donc promptement, et goûtons tous deux de nos lances d’airain.

Il parla ainsi, et il poussa violemment la lance d’airain contre le terrible bouclier, dont l’orbe résonna sous le coup. Et le Pèléide, de sa main vigoureuse, tendit le bouclier loin de son corps, craignant que la longue lance du magnanime Ainéias passât au travers. L’insensé ne songeait pas que les présents glorieux des dieux résistent aisément aux forces des hommes.

La forte lance du belliqueux Ainéias ne traversa point le bouclier, car l’or, présent d’un dieu, arrêta le coup, qui perça deux lames. Et il y en avait encore trois que le Boiteux avait disposées ainsi : deux lames d’airain par-dessus, deux lames d’étain au-dessous, et, au milieu, une lame d’or qui arrêta la pique d’airain. Alors Akhilleus jeta sa longue lance, qui frappa le bord du bouclier égal d’Ainéias, là où l’airain et le cuir étaient le moins épais. Et la lance du Pèliade traversa le bouclier qui retentit. Et Ainéias le tendit loin de son corps, en se courbant, plein de crainte. Et la lance, par-dessus son dos, s’enfonça en terre, ayant rompu les deux lames du bouclier qui abritait le Troien. Et celui-ci resta épouvanté, et la douleur troubla ses