Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/350

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vint à la demeure de Hèphaistos, incorruptible, étoilée, admirable aux Immortels eux-mêmes ; faite d’airain, et que le Boiteux avait construite de ses mains.

Et elle le trouva suant et se remuant autour des soufflets, et haletant. Et il forgeait vingt trépieds pour être placés autour de sa demeure solide. Et il les avait posés sur des roues d’or afin qu’ils se rendissent d’eux-mêmes à l’assemblée divine, et qu’ils en revinssent de même. Il ne leur manquait, pour être finis, que des anses aux formes variées. Hèphaistos les préparait et en forgeait les attaches. Et tandis qu’il travaillait à ces œuvres habiles, la déesse Thétis aux pieds d’argent s’approcha. Et Kharis aux belles bandelettes, qu’avait épousée l’illustre Boiteux des deux pieds, l’ayant vue, lui prit la main et lui dit :

— Ô Thétis au large péplos, vénérable et chère, pourquoi viens-tu dans notre demeure où nous te voyons si rarement ? Mais suis-moi, et je t’offrirai les mets hospitaliers.

Ayant ainsi parlé, la très-noble Déesse la conduisit. Et, l’ayant fait asseoir sur un trône aux clous d’argent, beau et ingénieusement fait, elle plaça un escabeau sous ses pieds et appela l’illustre ouvrier Hèphaistos :

— Viens, Hèphaistos ! Thétis a besoin de toi.

Et l’illustre Boiteux des deux pieds lui répondit :

— Certes, elle est toute puissante sur moi, la Déesse vénérable qui est entrée ici. C’est elle qui me sauva, quand je fus précipité d’en haut par ma mère impitoyable qui voulait me cacher aux dieux parce que j’étais boiteux. Que de douleurs j’eusse endurées alors, si Thétis, et Eurynomè, la fille d’Okéanos au reflux rapide, ne m’avaient reçu dans leur sein ! Pour elles, dans leur grotte profonde, pendant neuf ans, je forgeai mille ornements, des agrafes, des nœuds, des colliers et des bracelets. Et l’immense fleuve Okéanos murmurait autour de la grotte. Et elle n’était connue ni des Dieux, ni des hommes, mais seulement de