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— Du moins, j’ai un peu soulagé ma douleur de la mort du Ménoitiade, bien que je n’aie tué qu’un homme très-inférieur à lui.

Et il mit sur le char les dépouilles sanglantes, et il y monta, les pieds et les mains sanglants, comme un lion qui vient de manger un taureau.

Et, de nouveau, la mêlée affreuse et lamentable recommença sur Patroklos. Et Athènè, descendant de l’Ouranos, anima le combat, car Zeus au large regard l’avait envoyée afin d’encourager les Danaens, son esprit étant changé. De même que l’Ouranien Zeus envoie aux vivants une Iris pourprée, signe de guerre ou de froides tempêtes, qui interrompt les travaux des hommes et nuit aux troupeaux ; de même Athènè, s’enveloppant d’une nuée pourprée, se mêla à la foule des Akhaiens. Et, d’abord, elle excita le fils d’Atreus, parlant ainsi au brave Ménélaos, sous la forme de Phoinix à la voix mâle :

— Quelle honte et quelle douleur pour toi, Ménélaos, si les chiens rapides des Troiens mangeaient, sous leurs murailles, le cher compagnon de l’illustre Akhilleus Mais sois ferme, et encourage tout ton peuple.

Et le brave Ménélaos lui répondit :

— Phoinix, mon père, vieillard vénérable, plût aux Dieux qu’Athènè me donnât la force et repoussât loin de moi les traits. J’irais et je défendrais Patroklos, car, en mourant, il a violemment déchiré mon cœur. Mais la vigueur de Hektôr est comme celle du feu, et il ne cesse de tuer avec l’airain, et Zeus lui donne la victoire.

Il parla ainsi, et Athènè aux yeux clairs se réjouit parce qu’il l’avait implorée avant tous les Dieux. Et elle répandit la vigueur dans ses épaules et dans ses genoux, et elle mit dans sa poitrine l’audace de la mouche qui, toujours et vainement chassée, se plaît à mordre, car le sang de l’homme lui est doux. Et elle mit cette audace dans son