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pèdôn loin des traits. Et il le transporta pour le laver dans les eaux du fleuve, l’oignit d’ambroisie, le couvrit de vêtements immortels et le confia aux Jumeaux rapides, Hypnos et Thanatos, qui le transportèrent aussitôt chez le riche peuple de la grande Lykiè.

Et Patroklos, excitant Automédôn et ses chevaux, poursuivait les Lykiens et les Troiens, pour son malheur, l’insensé ! car s’il avait obéi à l’ordre du Pèléide, il aurait évité la Kèr mauvaise de la noire mort. Mais l’esprit de Zeus est plus puissant que celui des hommes. Il terrifie le brave que lui-même a poussé au combat, et il lui enlève la victoire.

Et, maintenant, quel fut le premier, quel fut le dernier que tu tuas, ô Patroklos, quand les Dieux préparèrent ta mort ? Adrèstès, Autonoos et Ekhéklos, Périmos Mégade et Épistôr, et Mélanippos ; puis, Élasos, Moulios et Phylartès. Il tua ceux-ci, et les autres échappèrent par la fuite. Et alors les fils des Akhaiens eussent pris la haute Ilios par les mains de Patroklos furieux, si Phoibos Apollôn, debout au faîte d’une tour solide, préparant la perte du Ménoitiade, ne fût venu en aide aux Troiens. Et trois fois Patroklos s’élança jusqu’au relief de la haute muraille, et trois fois Apollôn le repoussa de ses mains immortelles, en heurtant son bouclier éclatant. Et, quand il s’élança une quatrième fois, semblable à un Dieu, l’Archer Apollôn lui dit ces paroles menaçantes :

— Retire-toi, divin Patroklos. Il n’est pas dans ta destinée de renverser de ta lance la haute citadelle des magnanimes Troiens. Akhilleus lui-même ne le pourra point, bien qu’il te soit très-supérieur.

Il parla ainsi, et Patroklos recula au loin pour éviter la colère de l’Archer Apollôn. Et Hektôr, retenant ses chevaux aux sabots solides près des Portes Skaies, hésitait s’il