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neuf que j’y avais attaché moi-même ce matin, afin qu’il pût lancer beaucoup de flèches.

Et le grand Télamônien Aias lui répondit :

— Ô ami, laisse ton arc et tes flèches, puisqu’un Dieu jaloux des Danaens disperse tes traits. Prends une longue lance, mets un bouclier sur tes épaules et combats les Troiens en excitant les troupes. Que ce ne soit pas du moins sans peine qu’ils se rendent maîtres de nos nefs bien construites. Mais souvenons-nous de combattre.

Il parla ainsi, et Teukros, déposant son arc dans sa tente, saisit une solide lance à pointe d’airain, mit un bouclier à quatre lames sur ses épaules, un excellent casque à crinière sur sa tête, et se hâta de revenir auprès d’Aias. Mais quand Hektôr eut vu que les flèches de Teukros lui étaient devenues inutiles, il cria à haute voix aux Troiens et aux Lykiens :

— Troiens, Lykiens et belliqueux Dardaniens, soyez des hommes, et souvenez-vous de votre force et de votre courage auprès des nefs creuses ! Je vois de mes yeux les flèches d’un brave archer brisées par Zeus. Il est facile de comprendre à qui le puissant Kroniôn accorde ou refuse son aide, qui il menace et qui il veut couvrir de gloire. Maintenant, il brise les forces des Akhaiens et il nous protège. Combattez fermement autour des nefs. Si l’un de vous est blessé et meurt, qu’il meure sans regrets, car il est glorieux de mourir pour la patrie, car il sauvera sa femme, ses enfants et tout son patrimoine, si les Akhaiens retournent, sur leurs nefs, dans la chère terre de leurs aïeux.

Ayant ainsi parlé, il excita la force et le courage de chacun. Et Aias, de son côté, exhortait ses compagnons :

— Ô honte ! c’est maintenant, Argiens, qu’il faut périr ou sauver les nefs. Espérez-vous, si Hektôr au casque mouvant se saisit de vos nefs, retourner à pied dans la patrie ? Ne l’entendez-vous point exciter ses guerriers, ce