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t’accablerai point de coups. Ne te souvient-il plus du jour où tu étais suspendue dans l’air, avec une enclume à chaque pied, les mains liées d’une solide chaîne d’or, et où tu pendais ainsi de l’Aithèr et des nuées ? Tous les Dieux, par le grand Olympos, te regardaient avec douleur et ne pouvaient te secourir, car celui que j’aurais saisi, je l’aurais précipité de l’Ouranos, et il serait arrivé sur la terre, respirant à peine. Et cependant ma colère, à cause des souffrances du divin Hèraklès, n’était point assouvie. C’était toi qui, l’accablant de maux, avais appelé Boréas et les tempêtes sur la mer stérile, et qui l’avais rejeté vers Koôs bien peuplée. Mais je le délivrai et le ramenai dans Argos féconde en chevaux. Souviens-toi de ces choses et renonce à tes ruses, et sache qu’il ne te suffit pas, pour me tromper, de te donner à moi sur ce lit, loin des Dieux.

Il parla ainsi, et la vénérable Hèrè frissonna et lui répondit en paroles ailées :

— Que Gaia le sache, et le large Ouranos, et l’eau souterraine de Styx, ce qui est le plus grand serment des Dieux heureux, et ta tête sacrée, et notre lit nuptial que je n’attesterai jamais en vain ! Ce n’est point par mon conseil que Poseidaôn qui ébranle la terre a dompté les Troiens et Hektôr. Son cœur seul l’a poussé, ayant compassion des Akhaiens désespérés autour de leurs nefs. Mais j’irai et je lui conseillerai, ô Zeus qui amasses les noires nuées, de se retirer où tu le voudras.

Elle parla ainsi, et le Père des Dieux et des hommes sourit, et lui répondit ces paroles ailées :

— Si tu penses comme moi, étant assise au milieu des Immortels, ô vénérable Hèrè aux yeux de bœuf, Poseidaôn lui-même, quoi qu’il veuille, se conformera aussitôt à notre volonté. Si tu as dit la vérité dans ton cœur, va dans l’assemblée des Dieux, appelle Iris et l’illustre archer Apollôn, afin que l’une aille, vers l’armée des Akhaiens cuirassés,