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— Polydamas, retiens ici tous les chefs. Moi, j’irai au milieu du combat et je reviendrai bientôt, les ayant convoqués.

Il parla ainsi, et se précipita, pareil à une montagne neigeuse, parmi les Troiens et les alliés, avec de hautes clameurs. Et, ayant entendu la voix de Hektôr, ils accouraient tous auprès du Panthoide Polydamas. Et le Priamide Hektôr allait, cherchant parmi les combattants, Dèiphobos et le roi Hélénos, et l’Asiade Adamas et le Hyrtakide Asios. Et il les trouva tous, ou blessés, ou morts, autour des nefs et des poupes des Akhaiens, ayant rendu l’âme sous les mains des Argiens.

Et il vit, à la gauche de cette bataille meurtrière, le divin Alexandros, l’époux de Hélénè à la belle chevelure, animant ses compagnons au combat. Et, s’arrêtant devant lui, il lui dit ces paroles outrageantes :

— Misérable Pâris, doué d’une grande beauté, séducteur de femmes, où sont Dèiphobos, le roi Hélénos, et l’Asiade Adamas et le Hyrtakide Asios ? Où est Othryoneus ? Aujourd’hui la sainte Ilios croule de son faîte, et tu as évité seul cette ruine terrible.

Et le divin Alexandros lui répondit :

— Hektôr, tu te plais à m’accuser quand je ne suis point coupable. Parfois je me suis retiré du combat, mais ma mère ne m’a point enfanté lâche. Depuis que tu as excité la lutte de nos compagnons auprès des nefs, nous avons combattu sans cesse les Danaens. Ceux que tu demandes sont morts. Seuls, Dèiphobos et le roi Hélénos ont été tous deux blessés à la main par de longues lances ; mais le Kroniôn leur a épargné la mort. Conduis-nous donc où ton cœur et ton esprit t’ordonnent d’aller, et nous serons prompts à te suivre, et je ne pense pas que nous cessions le combat tant que nos forces le permettront. Il n’est permis à personne de combattre au-delà de ses forces.