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nime Agènôr arracha le trait de la blessure qu’il entoura d’une fronde en laine qu’un serviteur tenait à son côté.

Et Peisandros marcha contre l’illustre Ménélaos, et la Moire fatale le conduisait au seuil de la mort, pour qu’il fût dompté par toi, Ménélaos, dans le rude combat. Quand ils se furent rencontrés, l’Atréide le manqua, et Peisandros frappa le bouclier de l’illustre Ménélaos ; mais il ne put traverser l’airain, et le large bouclier repoussa la pique dont la pointe se rompit. Et Peisandros se réjouissait dans son esprit, espérant la victoire, et l’illustre Atréide, ayant tiré l’épée aux clous d’argent, sauta sur lui ; mais le Troien saisit, sous le bouclier, la belle hache à deux tranchants, au manche d’olivier, faite d’un airain excellent, et ils combattirent.

Peisandros frappa le cône du casque au sommet, près de la crinière, et lui-même fut atteint au front, au-dessus du nez. Et ses os crièrent, et ses yeux ensanglantés jaillirent à ses pieds, dans la poussière ; et il se renversa et tomba. Et Ménélaos, lui mettant le pied sur la poitrine, lui arracha ses armes et dit en se glorifiant :

— Vous laisserez ainsi les nefs des cavaliers Danaens, ô parjures, insatiables de la rude bataille ! Vous ne m’avez épargné ni un outrage, ni un opprobre, mauvais chiens, qui n’avez pas redouté la colère terrible de Zeus hospitalier qui tonne fortement et qui détruira votre haute citadelle ; car vous êtes venus sans cause, après avoir été reçus en amis, m’enlever, avec toutes mes richesses, la femme que j’avais épousée vierge. Et, maintenant, voici que vous tentez de jeter la flamme désastreuse sur nos nefs qui traversent la mer, et de tuer les héros Akhaiens ! Mais vous serez réprimés, bien que remplis de fureur guerrière. Ô Père Zeus, on dit que tu surpasses en sagesse tous les hommes et tous les Dieux, et c’est de toi que viennent ces choses ! N’es-tu pas favorable aux Troiens parjures, dont l’esprit