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Et Mèrionès, le premier, parla ainsi :

— Deukalide, de quel côté veux-tu entrer dans la mêlée ? À droite, au centre, ou à gauche ? C’est là que les Akhaiens chevelus faiblissent.

Et Idoméneus, prince des Krètois, lui répondit :

— D’autres sont au centre qui défendent les nefs, les deux Aias et Teukros, le plus habile archer d’entre les Akhaiens, et brave aussi de pied ferme. Ils suffiront à repousser le Priamide Hektôr. Quelque brave qu’il soit, et quelle que soit son ardeur à combattre, il ne réussira pas à dompter leur courage et leurs mains invincibles et à brûler les nefs, à moins que le Kroniôn lui-même ne jette l’ardente foudre sur les nefs rapides. Jamais le grand Télamônien Aias ne le cédera à aucun homme né mortel et nourri des dons de Dèmètèr, vulnérable par l’airain ou par de lourds rochers. Il ne reculerait même pas devant l’impétueux Akhilleus, s’il ne peut cependant lutter contre lui en agilité. Allons vers la gauche de l’armée, et voyons promptement si nous remporterons une grande gloire, ou si nous la donnerons à l’ennemi.

Il parla ainsi, et Mèrionès, semblable au rapide Arès, s’élança du côté où Idoméneus ordonnait d’aller. Et dès que les Troiens eurent vu Idoméneus, semblable à la flamme par son courage, avec son compagnon brillant sous ses armes, s’exhortant les uns les autres, ils se jetèrent sur lui. Et le combat fut égal entre eux tous devant les poupes des nefs.

De même que les vents tempêtueux, en un jour de sécheresse, soulèvent par les chemins de grands tourbillons de poussière, de même tous se ruèrent dans une mêlée furieuse afin de s’entretuer de l’airain aigu. Et la multitude des guerriers se hérissa de longues lances qui perçaient la chair des combattants. Et la splendeur de l’airain, des casques étincelants, des cuirasses polies et des