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immortels de Poseidaôn qui marchait. Et il fit trois pas, et, au quatrième, il atteignit le terme de sa course, Aigas, où, dans les gouffres de la mer, étaient ses illustres demeures d’or, éclatantes et incorruptibles.

Et là, il attacha au char ses chevaux rapides, dont les pieds étaient d’airain et les crinières d’or. Et il se revêtit d’or lui-même, saisit le fouet d’or habilement travaillé, et monta sur son char. Et il allait sur les eaux, et, de toutes parts, les cétacés, émergeant de l’abîme, bondissaient, joyeux, et reconnaissaient leur roi. Et la mer s’ouvrait avec allégresse, et les chevaux volaient rapidement sans que l’écume mouillât l’essieu d’airain. Et les chevaux agiles le portèrent jusqu’aux nefs.

Et il y avait un antre large dans les gouffres de la mer profonde, entre Ténédos et l’âpre Imbros. Là, Poseidaôn qui ébranle la terre arrêta ses chevaux, les délia du char, leur offrit la nourriture divine et leur mit aux pieds des entraves d’or solides et indissolubles, afin qu’ils attendissent en paix le retour de leur Roi. Et il s’avança vers l’armée des Akhaiens.

Et les Troiens amoncelés, semblables à la flamme, tels qu’une tempête, pleins de frémissements et de clameurs, se précipitaient, furieux, derrière le Priamide Hektôr. Et ils espéraient se saisir des nefs des Akhaiens et y tuer tous les Akhaiens. Mais Poseidaôn qui entoure la terre et qui la secoue, sorti de la mer profonde, excitait les Argiens, ayant revêtu le corps de Kalkhas et pris sa voix infatigable. Et il parla ainsi aux deux Aias, pleins d’ardeur eux-mêmes :

— Aias ! Vous sauverez les hommes d’Akhaiè, si vous vous souvenez de votre courage et non de la fuite désastreuse. Ailleurs, je ne crains pas les efforts des Troiens qui ont franchi notre grande muraille, car les braves Akhaiens soutiendront l’attaque ; mais c’est ici, je pense, que nous aurons à subir de plus grands maux, devant Hektôr, plein