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Il parla ainsi, et Patroklos obéit à son cher compagnon, et il s’élança vers les tentes et les nefs des Akhaiens.

Et quand Nestôr et Makhaôn furent arrivés aux tentes du Nèlèide, ils sautèrent du char sur la terre nourricière. Et le serviteur du vieillard, Eurymèdôn, détela les chevaux. Et les deux Rois, ayant séché leur sueur au vent de la mer, entrèrent sous la tente et prirent des siéges, et Hékamèdè aux beaux cheveux leur prépara à boire. Et Nestôr l’avait amenée de Ténédos qu’Akhilleus venait de détruire ; et c’était la fille du magnanime Arsinoos, et les Akhaiens l’avaient donnée au Nèlèide parce qu’il les surpassait tous par sa prudence.

Elle posa devant eux une belle table aux pieds de métal azuré, et, sur cette table, un bassin d’airain poli avec des oignons pour exciter à boire, et du miel vierge et de la farine sacrée ; puis, une très-belle coupe enrichie de clous d’or, que le vieillard avait apportée de ses demeures. Et cette coupe avait quatre anses et deux fonds, et, sur chaque anse, deux colombes d’or semblaient manger. Tout autre l’eût soulevée avec peine quand elle était remplie, mais le vieux Nestôr la soulevait facilement.

Et la jeune femme, semblable aux Déesses, prépara une boisson de vin de Pramneios, et sur ce vin elle râpa, avec de l’airain, du fromage de chèvre, qu’elle aspergea de blanche farine. Et, après ces préparatifs, elle invita les deux Rois à boire ; et ceux-ci, ayant bu et étanché la soif brûlante, charmèrent leur repos en parlant tour à tour.

Et le divin Patroklos parut alors à l’entrée de la tente. Et le vieillard, l’ayant aperçu, se leva de son siége éclatant, le prit par la main et voulut le faire asseoir ; mais Patroklos recula et lui dit :

— Je ne puis me reposer, divin vieillard, et tu ne me persuaderas pas. Il est terrible et irritable celui qui m’envoie te demander quel est le guerrier blessé que tu as ra-